La couche juvénile a longtemps été et
continue d’être l’une des couches les plus prétéritées qui soient en Guinée. Le
chômage et la pauvreté sont le quotidien de ces jeunes qui ne sont pourtant pas
sans projets, mais incapables de les réaliser par manque d’accompagnement
financier.
Jouer à ‘’Guinée Games’’, PMU, faire
du thé, des causeries dans les bars café, parler de tout et de rien, ainsi se
résument les journées des jeunes guinéens pourtant diplômés. Ce sont des
chômeurs dans une incessante quête d’emplois. Nombreux sont porteurs de
pertinents projets mais manquent d’opportunité pour les concrétiser parce
qu’ils ne sont accompagnés, ni par le gouvernement, ni par les institutions
financières. Ils en viennent à baisser les bras, découragés à force de frapper
à des portes qui demeurent hermétiques.
C’est le cas d’Alpha Mounir Touré, jeune guinéen diplômé en économie. Il avait en
2016, un projet commun avec certains de ses amis. Il s’agissait de mettre en
place une plantation de manioc. Ce pertinent projet, porté par ces ambitieux
jeunes ne verra finalement pas jour par manque de moyens, et ce malgré toutes
les démarches qu’ils ont faites : « le président avait à cette époque donné un fond pour la réalisation des
projets des jeunes entrepreneurs ; mais malgré toutes nos démarches on a
pas pu bénéficier de ce fond parce qu’en Guinée il faut forcément avoir des
relations pour bénéficier d’un fond qui appartient pourtant à tout le
monde » confie-t-il.
Ce mur entre ces projets prometteurs
et leur réalisation constitue un véritable obstacle au développement économique
du pays. Pourtant, le gouvernement ne semble en faire une priorité ; la
Guinée est l’un des pays dans lesquels non seulement le chômage excelle, mais
aussi les conditions pour que les jeunes entreprennent sont inexistantes.
La jeunesse qui, selon tous les
discours politiques, est le futur et l’avenir du pays, (futur que le présent tarde
à rattraper) est pour l’heure le secteur le plus lésé et désavantagé qui soit.
Engagement
de la jeunesse guinéenne
Mise dans les conditions qu’il faut,
accompagnée et financée, la jeunesse est la couche la plus favorable à
l’épanouissement économique d’un pays. Elle est en mouvement, innovatrice, talentueuse,
créatrice, dynamique et porteuse de projets créateurs même d’emplois.
C’est le cas du jeune homme Moussa Daraba, journaliste
présentateur, animateur radio depuis quatre ans ; il est également
étudiant en master de recherche en communication publique et politique à l’ISIC
de Rabat. En décembre 2017, il a mis en place la seule cérémonie de distinction
dédiée aux jeunes acteurs du développement de la Guinée qui est les J-Awards,
contraction de l’expression « les Awards de la jeunesse ».
Comme mission, sa structure vise la promotion de la jeunesse en travaillant
dans les activités qui prônent cette cause. Il s’explique : « nous essayons de mettre en lumière
les jeunes qui se démarquent par les actions concrètes qu’ils réalisent dans
différents secteurs ». C’est un rendez-vous annuel qui prime 50 jeunes
ayant excellés dans leurs domaines d’activités dans le but d’encourager et
soutenir cette couche prometteuse d’avenir.
Hélas, le légendaire manque de moyens
pointe son nez dans cette brillante initiative : « c’est justement ce qui manque à notre
projet, parce que nous voulons être un tremplin pour les jeunes pour qu’ils
puissent obtenir des opportunités d’investissements, des partenaires sur leurs
différents projets. C’est la lutte que nous menons depuis deux ans ; nous
ne voulons pas seulement être un espace de distinction mais aussi un espace de
propulsion, de réseautage permettant aux jeunes d’obtenir des opportunités de
réaliser leurs rêves » … « pour le moment on est dans la peau de
promoteur de bonnes actions réalisées par les jeunes guinéens » avoue
-t-il.
Entrepreneuriat
juvénile guinéen : un secteur en marche ?
Les 13 et 14 mars 2019, s’est ouvert à
Conakry le premier salon des entrepreneurs de Guinée « le
SADEN 2019 » sous le thème : Entrepreneuriat, levier de
développent économique de la Guinée. Il a réuni des conseillers,
experts guinéens et étrangers qui ont partagé leurs expertises avec plus de
2000 participants pleins d’espoir dans la capitale guinéenne.
C’est le cas de Fatoumata Baldé qui y a participé en tant qu’entrepreneuse et
porte-parole des entrepreneurs de la région de Kindia. Elle exprime sa
reconnaissance en ces termes : « je suis très contente de ce
salon, on a eu beaucoup d’opportunités et de connaissances. Le salon a été un
grand succès, chacun était libre de poser ses inquiétudes et le président a
souligné que le gouvernement allait accompagner les entreprises ».
C’était un évènement sous la présidence du
chef de l’Etat, et la présence de plusieurs membres du gouvernement. Ce salon
est une initiative gouvernementale qui vise à promouvoir les opportunités
d’investissements, de partage d’expérience et de réseautage afin de lutter
contre le chômage et par la même occasion contre l’émigration irrégulière.
La question à se poser est : ce
salon réussira-t-il à mettre cette couche juvénile longtemps désavantagée dans
ses droits ?
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