Submergée par cette énorme
lumière m’aveuglant presque…
Je me sens déboussolée,
désorientée !
« Ého !! il y a
quelqu’un ? » demandé-je désemparée.
Hélas ! Comme réponse, je ne
reçois que l’écho de ma voix.
Tout d’un coup, je me sens
envahie par un sentiment que je ne peux expliquer.
Tout ce que je sais, c’est qu’il
est si profond qu’il me fait battre le cœur. Oui mon cœur bat, incessamment au
rythme d’un tam-tam
Est-ce de la peur ?
Si avoir peur, c’est craindre
quelqu’un ou quelque chose, je doute que ce sentiment qui m’étouffe soit de la
peur. Oui il m’étouffe, c’est comme s’il s’accaparait de mon souffle de vie. N’empêche,
j’en ai pas peur, au contraire, j’ai cette envie de l’affronter, de le
démystifier.
Est-ce de la curiosité ?
Ça ne m’étonnerait guère, j’ai un
tel désir, une telle soif d’ôter ce miraculeux voile qui m’éloigne encore et
encore, oui encore très loin de la réponse à ma principale question « où
suis-je ? »
Je reste donc là à cogiter dans
l’espoir de trouver une réponse à mon « où suis-je ? ». Evidemment,
la réponse ne pouvait être que « j’ignore ». Oui ce « j’en ai
aucune idée » revient en boucle
dans ma tête.
Pourquoi ai-je cette impression
que ce n’est qu’un rêve, un songe ?
Oui, c’est sûrement ça, rien
qu’un vulgaire rêve ! Essayé-je de me rassurer.
Pourtant, quelque chose dans ma tête
me dit que je ne rêve pas. Que je suis loin de songer. Que c’est bien réel. Que
je suis bien là, bien réveillée.
Où suis-je donc ? Me demandé-je
encore. Evidemment, la réponse ne pouvait encore être que
« j’ignore ». Oui ce « j’en ai aucune idée » revient encore
en boucle dans ma tête.
Sur le coup, j’en deviens
fataliste : « suis-je morte ? » Osé-je me demander.
Mais non, cela n’est pas
envisageable, je suis encore jeune, et j’ai un avenir brillant qui n’attend que
moi…Oui rien que moi. Me rassuré-je.
Je ne peux pas encore
partir ; pas comme ça, comme si de rien n’était…
Tout le monde m’oublierait et la
vie continuerait son cours normal…
Certes, je partirai un jour…
Oui c’est une évidence…
Oui c’est la triste réalité…
Parfois je me dis que ça ne sert
à rien de travailler nuits et jours, si c’est pour partir un jour, si c’est mourir
et laisser le fruit de ce travail…Mais je me dis à la minute d’après que «
non, si je dois mourir, partir et ne plus jamais revenir, autant laisser une
trace, oui si petite soit-elle autant quand même en laisser ». Cela a
toujours été ma philosophie, et rien que pour ça, je refuse d’admettre que suis
partie. Non je refuse, il faut que je marque ma présence, oui mon passage dans
ce bas-monde.
Non je refuse, il faut que les
quelques années que je passerai dans ce bas monde, oui ce monde semé
d’embuches, de cruautés, d’égoïsmes, d’afflictions, de chagrins soient utiles
et non vaines
Non je refuse, il faut que j’atteigne,
du plus important au moins important les objectifs que je me suis fixés…
Et pendant que je cogite encore
et encore, j’entends soudain une voix
Oui j’ai bien dit une voix…elle semble
si réelle…si proche de moi…si rassurante…
Elle est si douce, qu’elle
résonne telle une mélodie dans mes oreilles.
Elle est si mielleuse que mon
cœur battant tantôt au rythme d’un tam-tam retrouve la tranquillité d’une eau
stagnante.
Elle est si agréable quelle
m’effleure le tympan avec une immense délicatesse.
Elle est si calme qu’elle me
procure une miraculeuse quiétude.
Elle est si suave que je me perds
dans sa douceur écoutant à peine ce qu’elle me dit.
Mais à qui appartient donc cette
voix ? Pourquoi cette lumière m’empêche-t-elle de voir clair ? Me
demandé-je.
Soudain, comme si quelqu’un lisait
dans mes pensées, cette aveuglante lumière cède peu à peu sa place à une vue
magnifique.
Que dis-je ? Elle n’est pas
que magnifique, non elle est extraordinaire, ce genre qu’on ne voit que dans
les contes de fée…
Ce jardin féeriquement décoré…
Ces arbres gigantesques aux feuilles,
fredonnant une mélodie pour le plaisir de mes oreilles…
Les chants de ces oiseaux
accompagnant ces mélodies…
Ce vent, oui ce vent frais
renseignant sur la pureté de cet environnement me procurant ainsi une énorme
paix du cœur…
Tout ça ne peut être réel, me
dis-je. C’est sûrement un songe, oui c’est ça je rêve.
Et me revient encore cette voix,
oui cette douce voix, « ce n’est pas un rêve Sarata, tu es là où t’aurais
toujours dû être, c’est un autre univers, un autre monde, ton monde à toi, oui
rien qu’à toi ».
Hypnotisée, je n’en reviens toujours
pas, « c’est ton monde à toi rien qu’à toi ».
Non je ne rêve pas, j’ai bien cerné
ce qu’elle vient de me dire. Je me surprends en train de sourire, oui je souris
devant tant de beautés, tant de grâces. Je me mets à explorer ce monde, que
dis- je ? « Mon monde »
Oui c’est mon monde, un monde rien qu’à
moi !
Puis tout d’un coup, une autre
voix, mais moins douce, moins agréable criant presque mon
nom « Sarata ! Sarata ! Sarata ! »…
Je sens cette voix très loin de
moi se rapprocher peu à peu ; mais à chaque fois qu’elle s’approche, mon
monde lui, s’éloigne, sous mon regard impuissant. J’entends des vacarmes autour
de moi ; mais d’où vient donc tout ce bruit ?
Levant la tête, la réalité me
rattrape. Je me rends compte que je suis dans un monde oui, mais pas le mien. Je
suis dans un monde impitoyable contrairement au mien. Un monde tellement
injuste et cruel que je préfère le fuir.
A quoi ça sert d’y rester si je
suis incapable d’exprimer librement le fond de mes pensées sans craindre les
conséquences ?
Je vois aucun intérêt d’y rester
si je n’arrive pas à dire ce que je ressens tout au fond de moi.
J’ai envie de parler, oui l’envie
de m’exprimer ne me manque pas.
Mais comme toujours, je suis
bloquée.
C’est comme si j’étais menacée de
mort, comme si j’avais un couteau juste là, sous la gorge…
Si seulement je pouvais être
comprise, si seulement on pouvait lire dans mes pensées…
Cette sensation m’étouffe, oui je
manque d’air, d’oxygène, c’est comme si l’on m’étouffait avec un coussin…
Je préfère donc m’évader, dans
mon monde à moi. Oui ce monde virtuel où j’aurai toujours dû être comme me l’a
dit « la voix douce » …
Ce monde où je peux dire tout ce
que je pense, mieux, tout ce que je ressens…
Mon voyage pour ce monde est
toujours agréable, j’y vais toujours avec sourire aux lèvres. Animée par un tel
enthousiasme à l’idée de retrouver cette sensation, ce sentiment, cette liberté
que je ne retrouve que là-bas.
Mais comme toujours le retour me
plonge dans une désagréable désillusion et un total désespoir.
Ne vous étonnez pas si vous me
voyez là, juste en face de vous, mais n’arrivant pas à me concentrer plus de
cinq minutes !
Ne vous étonnez pas si vous me
voyez là physiquement, mais spirituellement ailleurs !
Jamais vous ne me traiteriez
de « distraite », si vous saviez où je me trouve quand vous tentez
désespérément de me faire revenir sur terre, non jamais !
Je revois encore Fatma me traiter
de folle, de tête en l’air, de psychopathe et je ne sais quoi encore. Mais non,
ne me juge pas, ne me traite pas de « personne distraite », encore
moins de dérangée !
Non, ce n’est pas le terme, loin
de là…
Ainsi se résume ma vie, un
incessant voyage entre ces deux mondes…
Oui je suis une voyageuse…
Une éternelle voyageuse…