L’élection présidentielle guinéenne s’est tenue ce dimanche 18 octobre 2020. Pour la première fois, les Guinéens qui résident au Sénégal n’ont pas pu voter à cause de l’arrêt des enrôlements au Sénégal en décembre 2019. Ils n’ont également pas pu se rendre en Guinée pour voter du fait de la fermeture de la frontière entre le Sénégal et la Guinée. Ceux rencontrés à la médina expriment leur regret face à la situation.
Médina, un quartier réputé comme
étant le fief des Guinéens à Dakar. Ici, des ressortissants de Guinée mènent
diverses activités. Vente de café, de fruits, réparation de téléphone, de
chaussures, boutiquiers etc.
Dimanche 18 octobre, un jour pas
comme les autres pour ces Guinéens. Le destin de leur pays se décide en ce
jour. Mais malheureusement, ils n’y prendront pas part.
Assis derrière sa charrette, Alassane Diallo vendeur de café change sans cesse de
chaîne radio sur son téléphone en quête d’information sur la présidentielle
dans son pays. Pour lui, c’est tout sauf normal l’annulation du vote au
Sénégal, ‘’c’est très grave ce qui se passe, c’est un tournant très crucial
pour l’histoire de mon pays et je n’ai même pas le droit d’y participer. C’est
vraiment regrettable».
Ce regret, Abdourahmane Diallo le
partage. Dans la boutique qu’il tient à l’angle 30 de la rue 39 à la médina, il
se sent ‘’impuissant’’ face à la situation. ‘’ Je voulais m’exprimer pendant ce
vote comme tout Guinéen. Mais ils nous ont refusé ce droit et par-dessus tout
ils ont fermé les frontières pour nous empêcher de rentrer et voter. Parce que
si les frontières étaient ouvertes, j’irais simplement voter et revenir’’
dit-il avant de reporter son attention sur sa petite télévision.
En face de sa boutique se trouve
celle de Mamadou Bah. Pour ce Guinéen qui réside à Dakar depuis 1992, c’est la
première fois qu’il rate une élection. Pour cause, il pointe du doigt
l’ambassade de la Guinée au Sénégal, ‘’Pourquoi l’ambassade est-elle là, si ce
n’est pas pour nous épargner ce genre de situation ?’’ s’interroge-t-il.
A ces interrogations, Amadou
Kouyaté un Guinéen qui était sur place lors du saccage de l’ambassade en
décembre 2019, répond que, ‘’l’ambassade avait bel et bien commencé les
recensements mais elle a arrêté lorsque des gens sont venus l’attaquer parce
qu’ils estimaient que le nombre de personnes enrôlées par jour était
insuffisant ’’.
Selon ce témoin, le matin du 3
décembre 2019, un groupe de Guinéens qui clamait ‘’nous voulons nous
recenser, laisser-nous nous recenser’’ a attaqué l’ambassade. ‘Ils ont cassé
les vitres avant d’être dispersés par la police sénégalaise arrivée sur place
3h après le début de la manifestation. Après ça, on a appris par l’ambassadeur
qu’ils ont reçu une note de service provenant du ministère de l’intérieur du
Sénégal demandant d’arrêter les enrôlements».
Mais pour Mamadou Yaya Baldé,
journaliste politique guinéen, cette décision d’arrêter l’enrôlement au Sénégal
n’est qu’une ‘’décision politicienne’’ de la part de l’autorité guinéenne. ‘’Le
plus souvent en Afrique, la diaspora est favorable à l’opposition et celle
guinéenne au Sénégal n’est pas une exception. Et donc c’est très favorable au
pouvoir que le vote ne se passe pas au Sénégal’’, explique-t-il.
Toutefois, il condamne l’attaque
qui a eu lieu à l’ambassade, ‘’Ce n’était pas nécessaire et c’est déplorable.
Les responsables doivent être retrouvés et traduits devant la justice’’.
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