On dit souvent que pour connaitre un pays, il faut lancer un regard vers sa politique. Je ne vous assure pas qu’elle vous permettra de maitriser le pays de fond en comble, mais elle vous en dira quand même l’essentiel. C’est comme si elle était le reflet du quotidien du pays auquel elle appartient.
La politique de mon pays s’inscrit dans cette
logique ; observe-la de près, oui de très près et tu auras une idée sur
mon pays, peut-être pas très exhaustive, mais tu en auras quand-même une.
Je viens d’un
pays à qui Dieu a tout donné… oui il lui a tout donné… ses terres sont très
riches… que dis-je ? elles sont immensément riches, elles contiennent de
la bauxite, du fer, du diamant, de l’or, de l’uranium, du pétrole, du
phosphate, du manganèse… Et oui c’est un « scandale géologique ».
Vous vous doutez
d’où je viens ? Non j’en doute ! Je vais quand même vous aider à vous
en douter.
Je viens d’un
pays de l’Afrique de l’ouest où nombreux fleuves prennent leur source… Et oui
c’est le « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ».
« Scandale
géologique », « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », ce pays
n’est pourtant pas en mesure de satisfaire les besoins les plus primaires de la
majeure partie de sa population.
Vous vous doutez
d’où je viens ? Je suis sûr que oui ! je suis sûr que vous vous
doutez que je viens de la Guinée.
Oui ! je
viens de cette Guinée naturellement riche mais dont la plupart des habitants sombre
dans une indescriptible pauvreté.
Oui ! je
viens de cette Guinée, ce château d’eau où les habitants sont obligés de
trainer des bidons de vingt litres en quête d’eau potable.
Oui ! je
viens de cette Guinée où l’électricité fait un éternel va-et-vient à longueur
de journée.
Oui ! je
viens de cette Guinée aux routes dégradées, détériorées.
Oui ! je
viens de cette Guinée où pour être employé, le « quelles sont vos
expériences ou compétences » ne compte pas, mais plutôt le « qui
vous a recommandé ».
Et oui,
bienvenue chez moi ; chez moi où on t’emploie rarement pour tes
compétences, mais toujours pour tes « relations ».
Oui ! je
viens de cette Guinée où les communautés ethniques se considèrent mutuellement
comme des ennemis. Cette rivalité ethnique guinéenne se retrouve même dans sa politique.
Je vous le
disais tantôt, la politique de mon pays reflète sa réalité
Alors cette
politique on en parle ?
Cette politique dont les partis ne sont pas des partis politiques en tant que tels, non! loin de là, ce sont plutôt des rassemblements ethniques.
Oui j’ai bien
dit rassemblements ethniques ; quelle autre appellation pourrais-je donner
à des partis où tous les membres appartiennent tous ou presque tous au même
groupe ethnique.
Cette anormalité
me brûle de l’intérieur, oui ça me fait mal de voir que chez moi on ne vote pas
un candidat parce qu’on voit en lui l’avenir… Non, on ne vote pas un candidat
parce qu’on voit en lui de l’espoir, parce qu’on le croit capable de bien
diriger le pays, de régler ne serait-ce que la moitié des difficultés
auxquelles nous sommes confrontés… Non, on ne vote pas un candidat parce qu’on
voit en lui cette capacité aussi minime soit-elle de gérer à bien les deniers
publics.
On ne vote pas
en tant que citoyen préoccupé par le bien être de son pays ; bien au
contraire, on vote en tant que membre d’un groupe ethnique, on vote dans
l’intention de voir quelqu’un du même groupe ethnique que nous diriger le pays.
C’est
désolant ! oui tellement désolant ! mais bienvenue chez moi.
Et on se demande
pourquoi on n’avance pas, on se demande pourquoi on ne se développe pas. Mais
comment pouvons-nous avancer avec de telles idéologies ? Comment
pouvons-nous nous développer avec cet esprit ethnocentriste ?
J’ai beau
chercher, oui j’ai beau analyser, mais je ne vois pas comment, je ne trouve pas
comment se développer sans union, oui sans cette union qui fait la force.
Et ces
politiques, on en parle ?
Oui je parle
bien de ces hommes politiques qui au lieu de rassembler, préfèrent diviser pour
régner.
Oui je parle
bien de ces hommes politiques qui sont tous prometteurs et non réalisateurs.
Oui je parle
bien de ces hommes politiques qui ont une telle soif du pouvoir qu’ils feraient
n’importe quoi rien que pour l’avoir.
Alors Kôrô on en
parle ?
Je parle du
premier président venu par la voix des urnes ; de celui que les guinéens
ont massivement voté en 2010 ; oui je parle de celui qu’ils ont encore
voté en 2015.
De celui qui a
gagné la confiance des guinéens au point de dire oui à son souhait de briguer
un second mandat. Mais a-t-il gardé cette confiance ? j’en doute.
Oui j’en doute
parce que nous sommes toujours dans les rues à la recherche d’eau potable.
Oui j’en doute
parce que malgré les barrages hydro-électriques comme Kaléta, Souapiti, Amaria,
nous sommes toujours confrontés aux coupures d’électricité fréquentes; pourtant
on en vend aux pays voisins.
Je ne suis pas
contre cette idée d’en vendre, non loin de là ; mais je pense que le fait
qu’on se mette à vendre de l’électricité devrait supposer qu’on a une
autosuffisance énergétique. Mais loin de là, à Conakry, pas besoin de voir une
ampoule allumée pour se rendre compte qu’il y a le courant ; juste les
cris, oui rien que les cris de joie de la population vous renseignent sur la
venue du courant. Et parfois on n’a même pas fini de crier qu’il s’en va d’où
il vient.
C’est injuste,
oui injustement injuste : mais bienvenue chez moi.
Vous me direz
que son régime a connu la création d’infrastructures, d’hôtels un peu partout
dans la ville. Certes oui mais pour qui sont-ils ? Nous guinéens ?
Désolée mais j’en doute, parce que pendant que ces hôtels servent de décor dans
la ville, il y’a un nombre incalculable d’SDF qui luttent contre vents et
marrées en admirant de loin ces hôtels.
C’est injuste,
oui injustement injuste : mais bienvenue chez moi.
Je doute qu’il
ait gardé cette confiance du moment où là oui juste là devant ses yeux on
insulte notre constitution sans qu’il ne pipe un seul mot. Je me souviens
encore de cette phrase de l’ambassadeur de la Russie en Guinée comme si c’était
hier : « les constitutions ne sont ni dogme, ni coran, ni bible.
Les constitutions s’adaptent à la réalité, mais pas le contraire ».
N’est-ce pas une ingérence ? pourquoi n’a-t-il pas réagi? Est-ce par peur
que les relations diplomatiques se dégénèrent ? Ou est-ce parce que le
fait que les constitutions ne soient pas dogme comme l’a dit M. Alexandre
Bregadze ne le dérange pas autant que ça ? Au contraire est-ce parce que
ça l’arrange ? J’espère que non, j’espère de tout cœur que non. Pour en
être sûr, rendez-vous en 2020.
Alors Kôtô on en
parle ?
Je parle de cet
éternel opposant ; de ce chef de file de l’opposition, de ce président du
principal parti de l’opposition guinéenne.
Oui je parle de
celui qui dénonce jour et nuit la défaillance du parti au pouvoir. Mais qu’est-ce
qui nous dit qu’il n’en fera pas autant ou pire s’il devient président ?
Oui je parle de
cet opposant qui dit qu’il ira jusqu’au bout, au risque de se sacrifier s’il le
faut.
Oui je parle de
celui qui organise des manifestations dans les rues, oui ces manifestations qui
ont fait une centaine de morts, oui ces morts qu’il met sur le dos du pouvoir
en place.
Mais est-ce
réellement de la faute du pouvoir en place ? Est-ce le gouvernement qui
demande à ces jeunes de sortir manifester dans les rues quitte à y laisser
leurs vies ?
Pense-t-il à ces
innocentes vies perdues dans les rues juste parce qu’il veut montrer son
mécontentement ? Ne peut-il pas le montrer autrement ; oui autrement
sans qu’une seule goutte de sang ne coule ?
Pourquoi ai-je
l’impression que cette course au pouvoir n’est plus qu’un défi pour lui ?
oui juste un défi ; j’ai l’impression que ce n’est plus une envie de
changer les choses, que ce n’est plus pour faire prospérer le pays non ;
peut-être que ça l’a été avant, mais plus de nos jours. J’ai l’impression qu’il
est juste obsédé par ce défi qu’il veut à tout prix relever.
Pourquoi ai-je
l’impression que tous ces maux qu’il dénonce ne lui font pas autant mal que
ça ?
Oui j’ai
l’impression que s’il les dénonce c’est uniquement pour porter préjudice au
gouvernement, oui qu’il le fait dans le seul et unique but de le
décrédibiliser.
Alors Kaporo
Rails on en parle ?
Quand est-ce que
vous allez arrêter de tout politiser dans ce pays ?
Je vous rappelle
qu’il y a aussi des dimensions humaines qui sont de surcroit les plus
importantes.
Pensez-vous à
tous ces gens qui sont dorénavant sans abris ? oui à ces gens livrés à la
merci des intempéries naturelles ?
Vous Kôrô, oui
vous l’actuel président du RPG, avez-vous oublié votre discours de 2016 ?
N’aviez-vous pas promis que certes ils seront délogés parce que ces terres
appartiennent au gouvernement mais certainement pas avant de leur avoir trouvé
de nouveaux logements ? était-ce nécessaire de le promettre si vous saviez
que vous n’alliez pas le réaliser ? Oui je sûr que vous en étiez
conscient ; mais c’était quand même nécessaire de le promettre pour
rassurer le peuple guinéen qu’il a fait le bon choix en vous réélisant.
Et vous Kôtô,
oui vous l’actuel président de l’UFDG et chef de file de l’opposition, n’avez-vous
pas entendu votre vice-président chargé des questions économiques Kalemodou parler ?
N’avez-vous pas vu cette contradiction entre ce qu’il a dit et ce que vous avez
dit il y a une vingtaine années de cela ?
Oui c’est contradictoire. Que dis-je ? C’est extrêmement
contradictoire, parce que vous aussi vous étiez pour le déguerpissement des
populations de Kaporo rails. Mais bien sûr comme l’actuel gouvernement s’y mêle
vous éternel opposant vous ne pouvez que dénoncer.
Oui vous
dénoncer mais pas parce que ces gens souffrent et sont sans abris, non loin de
là. Tout ce qui compte c’est que vous avez là une occasion en or de saboter le
pouvoir en place en disant que « c’est une honte pour le
gouvernement ».
Au fond c’est
clair que ces gens qui sont dans les rues ça vous ne dit rien, oui ces enfants
qui sont sans abris en pleine année scolaire ça ne vous dit rien, vous en avez
absolument rien à foutre.
Et pendant ce
temps le reste de l’opposition se réuni autour d’une soi-disant convention.
Alors cette
convention on en parle ?
Oui je parle
bien de cette « convention de l’opposition démocratique », une
convention prédestinée à l’échec ; oui j’ai bien dit à l’échec. Comment
pourrait-elle perdurer si elle n’est basée que sur mascarade ; comment
peut-elle tenir si le président du principal parti de l’opposition de surcroit
le chef de file de l’opposition n’y a pas participé. Comment cette convention
de l’opposition peut-elle résister face au pouvoir si les membres ne sont pas
sur la même longueur d’onde. Tout n’est que manipulation… Oui ! pur
manipulation.
J’en suis
désolée ! Oui tellement désolée de toutes ces injustices sous mon regard
impuissant.
J’en suis
désolée ! Oui tellement désolée de toute cette désunion qui chamboule
incessamment mon pays.
J’en suis
désolée ! Oui tellement désolée de voir toute cette souffrance, supplice,
peine, inquiétude… Ya redondance je sais ; mais il le faut, oui il le faut
pour exprimer toute cette affliction de ma Guinée alors qu’elle a tout, oui
tout ce qu’il faut pour être heureuse.
Ceci est un
regard désolant sur les réalités de mon pays…
Ceci est un
regard exaspéré devant toute cette triste réalité…
Ceci est mon
regard…
Ceci est l’œil
d’une citoyenne désolée…
C'est un peu partout en Afrique. Triste réalité!!
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