mercredi 28 octobre 2020

RESTAURANTS UNIVERSITAIRES : LE RECOURS FADE DES ETUDIANTS SANS MOYENS


 Les restaurants universitaires sont fréquentés par plusieurs étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Si certain y vont pour le plaisir de manger en groupe, d’autres par contre s’y rendent par manque de moyen. Ce souci financier est le dénominateur commun de presque tous les étudiants qui fréquentent ces restaurants.

Il est midi au restaurant argentin situé en face du pavillon Q au sein du campus social. Ici, impossible de s’entendre parler ; une cacophonie totale règne en main maitre. Dans la salle qui se trouve du côté droit du restaurant, des employés circulent avec des poussettes qui contiennent des assiettes et des couverts sales.

Des étudiants parlent la bouche pleine, d’autres mangent écouteurs aux oreilles tandisque d’autres manipulent tout simplement leur téléphone en face de leur déjeuner.

Dans tout ce brouhaha, Binta Sarr a à peine touché à son plat de mafé (sauce à base de pate d’arachide). Entre rires et discussions, avec ses quatre amies,  cette habituée des restaurants universitaires mange dans ces lieux pour des raisons qui lui sont propres: ‘’ je viens souvent avec mes amies ici parce que j’aime manger en groupe dans une bonne ambiance’’. 

Elle est de ce pas appuyée par Ndeye Diop, l’une de ses amies. Assise en juste en face de Binta, Ndeye confie que ‘’ la meilleure façon de manger c’est de le faire en faisant des partages’’.

Seulement, manger en groupe n’est pas la seule raison pour laquelle elle fréquente les restaurants universitaires, le souci d’hygiène y est aussi pour quelque chose ; ‘’c’est plus sûr de manger ici que dans les gargotes dehors. Là-bas c’est à l’air libre, il y a la poussière et on n’a aucune idée de comment les repas sont cuisinés’’.

Contrairement à son avis, Mamadou Boye Bah trouve que l’hygiène n’est pas au rendez-vous dans ces restaurants ; ‘’seuls les prix différencient les gargotes d’ici. Il m’est fréquemment arrivé de tomber sur des insectes dans les repas qu’on me sert’’.

Trouvé assis au fond de la troisième et dernière rangée du restaurant, cet étudiant à la faculté des sciences mange tant bien que mal son repas et tout seul. Pour lui, manger ici n’est pas un choix, mais une nécessité ; ‘’ je suis obligé de venir ici parce que je n’ai pas les moyens d’aller dans les restaurants privés ou de m’acheter tous les jours des plats de 500 FCFA dans les gargotes’’ ; dit-il en jouant avec la fourchette.

Juste derrière Boye, la team de Salif Barry. Avec ses deux copains, Salif discute de tout et de rien tout en mangeant. Le manque de moyen évoqué par Mamadou Boye Bah est la raison pour laquelle il prend les trois repas du jour dans les restaurants universitaires ; ‘’Ici, le petit déjeuner est à 50F, le déjeuner à 1OOF et le même prix pour le diner. Alors que dehors ça me couterait mille fois plus cher que ça’’.

Toutefois, il reconnait que la qualité des repas servis n’est pas au top ; ‘’ souvent on force pour avaler ce qu’on nous sert. Des fois la nourriture n’est pas bonne et est à peine cuite’’ ; confie-t-il.


Petit aperçu d'un plat du restaurant universitaire


A sa droite se trouve son copain Saliou Diallo. Pour lui, ‘’l’essentiel ici c’est manger pour se rassasier et pas pour apprécier’’. Il s’y ajoute que ‘’ça devrait pourtant être mieux ces derniers temps parce qu’avec la covid, il y a eu une rentrée progressive à l’UCAD ce qui fait que les restaurants ne sont pas pleins par conséquent ces femmes cuisinent peu que d’habitude’’ ; dit-il en pointant du doigt les deux femmes qui sont chargées du service dans le restaurant.

Masquées pour respecter les mesures barrières contre la covid, l’une est chargée de servir le riz et l’autre de mettre la sauce dans les assiettes que les étudiants tiennent.

Comme elles, les autres employés des restaurants portent aussi des masques et des gants. Par contre, les étudiants une fois avoir passé la surveillance à l’entrée où ils sont obligés de se laver les mains et se faire prendre la température, se débardassent aussitôt de leurs masques.

Certains les laissent sous le menton tandis que d’autres les mettent à côté sur la table. Selon Saliou, ‘’on ne peut quand même pas manger masqué’’ dit-il avant de partir en fou rire avec ses copains.

 NB: Reportage réalisé en 2020 en présence de Maimouna Ndiaye. 

lundi 19 octobre 2020

PRESIDENTIELLE EN GUINEE: LES GUINEENS DU SENEGAL SUR LE BANC DE TOUCHE


L’élection présidentielle guinéenne s’est tenue ce dimanche 18 octobre 2020. Pour la première fois, les Guinéens qui résident au Sénégal n’ont pas pu voter à cause de l’arrêt des enrôlements au Sénégal en décembre 2019. Ils n’ont également pas pu se rendre en Guinée pour voter du fait de la fermeture de la frontière entre le Sénégal et la Guinée. Ceux rencontrés à la médina expriment leur regret face à la situation.

Médina, un quartier réputé comme étant le fief des Guinéens à Dakar. Ici, des ressortissants de Guinée mènent diverses activités. Vente de café, de fruits, réparation de téléphone, de chaussures, boutiquiers etc.

Dimanche 18 octobre, un jour pas comme les autres pour ces Guinéens. Le destin de leur pays se décide en ce jour. Mais malheureusement, ils n’y prendront pas part.

Assis derrière sa charrette, Alassane  Diallo vendeur de café change sans cesse de chaîne radio sur son téléphone en quête d’information sur la présidentielle dans son pays. Pour lui, c’est tout sauf normal l’annulation du vote au Sénégal, ‘’c’est très grave ce qui se passe, c’est un tournant très crucial pour l’histoire de mon pays et je n’ai même pas le droit d’y participer. C’est vraiment regrettable».

Ce regret, Abdourahmane Diallo le partage. Dans la boutique qu’il tient à l’angle 30 de la rue 39 à la médina, il se sent ‘’impuissant’’ face à la situation. ‘’ Je voulais m’exprimer pendant ce vote comme tout Guinéen. Mais ils nous ont refusé ce droit et par-dessus tout ils ont fermé les frontières pour nous empêcher de rentrer et voter. Parce que si les frontières étaient ouvertes, j’irais simplement voter et revenir’’ dit-il avant de reporter son attention sur sa petite télévision.

En face de sa boutique se trouve celle de Mamadou Bah. Pour ce Guinéen qui réside à Dakar depuis 1992, c’est la première fois qu’il rate une élection. Pour cause, il pointe du doigt l’ambassade de la Guinée au Sénégal, ‘’Pourquoi l’ambassade est-elle là, si ce n’est pas pour nous épargner ce genre de situation ?’’ s’interroge-t-il.

A ces interrogations, Amadou Kouyaté un Guinéen qui était sur place lors du saccage de l’ambassade en décembre 2019, répond que, ‘’l’ambassade avait bel et bien commencé les recensements mais elle a arrêté lorsque des gens sont venus l’attaquer parce qu’ils estimaient que le nombre de personnes enrôlées par jour était insuffisant ’’.  

Selon ce témoin, le matin du 3 décembre 2019, un groupe de Guinéens qui clamait ‘’nous voulons nous recenser, laisser-nous nous recenser’’ a attaqué l’ambassade. ‘Ils ont cassé les vitres avant d’être dispersés par la police sénégalaise arrivée sur place 3h après le début de la manifestation. Après ça, on a appris par l’ambassadeur qu’ils ont reçu une note de service provenant du ministère de l’intérieur du Sénégal demandant d’arrêter les enrôlements».

Mais pour Mamadou Yaya Baldé, journaliste politique guinéen, cette décision d’arrêter l’enrôlement au Sénégal n’est qu’une ‘’décision politicienne’’ de la part de l’autorité guinéenne. ‘’Le plus souvent en Afrique, la diaspora est favorable à l’opposition et celle guinéenne au Sénégal n’est pas une exception. Et donc c’est très favorable au pouvoir que le vote ne se passe pas au Sénégal’’, explique-t-il.

Toutefois, il condamne l’attaque qui a eu lieu à l’ambassade, ‘’Ce n’était pas nécessaire et c’est déplorable. Les responsables doivent être retrouvés et traduits devant la justice’’.

GOREE, UNE ÎLE TRISTE (REPORTAGE REALISE PENDANT LA FERMERTURE DE L'ÎLE)

Dans le cadre de la lutte contre la covid-19, le ministère de la pêche et des transports maritimes a pris la décision de suspendre la liaiso...